Les chercheurs ont également soumis Matthieu Ricard et ses collègues moines à des tests visant à mesurer leur capacité d’attention, et ils ont constaté que ces experts en méditation obtenaient des scores semblables à ceux de jeunes universitaires de 20 ans. Ils faisaient moins d’erreurs et étaient plus rapides que des personnes de leur âge qui ne méditaient pas. « La méditation nous apprend à être vraiment concentrés sur la tâche que l’on doit accomplir, car on est très souvent [jusqu’à 47 % du temps, selon une étude] distraits par nos pensées », souligne le Dr Laureys. Il est d’ailleurs professeur invité au centre CERVO de l’Université Laval, où il s’applique à mettre sur pied une unité mixte internationale sur l’étude de la conscience.
Quand on demandait à Matthieu Ricard de s’endormir, deux minutes plus tard son cerveau émettait des ondes lentes qui indiquaient qu’il était déjà dans la phase de sommeil lent et profond.
Lorsqu’on a mesuré la consommation d’énergie de son cerveau à l’aide de la tomographie par émission de positons, on a observé que l’activité métabolique y était plus élevée que celle de la moyenne des gens de son âge.
Des bienfaits de la méditation ont même été constatés au niveau des chromosomes, ajoute le Dr Laureys. « Quand nous vieillissons, les télomères, ces petits embouts situés à l’extrémité de nos chromosomes et qui protègent l’ADN de ceux-ci, raccourcissent. On sait aussi que le stress accentue ce raccourcissement. Si les télomères sont plus petits, il y a plus de risques que surviennent des erreurs dans l’ADN des cellules lorsqu’elles se multiplient, et ces erreurs peuvent donner des maladies, comme le cancer. Or des études ont montré que les télomères des méditants expérimentés étaient plus longs que ceux des non-initiés, et les chercheurs ont observé une augmentation de la télomérase, une enzyme qui protège les télomérases, chez les personnes qui s’adonnent à la pleine conscience », précise-t-il.
Or la méditation permet de mieux gérer le stress qui souvent amplifie tous les maux et maladies qui nous affligent, fait-il remarquer. « La méditation permet aussi de changer l’état d’esprit de la personne face à la douleur. Elle ne changera pas nécessairement votre réalité, mais c’est un outil très puissant qui vous permettra de vivre votre réalité différemment. »
« La méditation peut aussi stimuler la concentration, la créativité, l’empathie, la compassion, la bienveillance », poursuit-il. Somme toute, elle peut améliorer substantiellement notre qualité de vie.
DIFFÉRENTS TYPES DE MÉDITATION
Le Dr Steven Laureys distingue trois grandes familles de techniques de méditation.
1. La méditation de l’attention focalisée, dans laquelle on s’entraîne à focaliser notre attention sur quelque chose en particulier, comme la respiration, un objet ou un mantra.
2. La pleine conscience, ou présence ouverte, dans laquelle on s’entraîne à être attentif à tout ce que nos sens perçoivent : les nuances de couleurs que l’on voit, les sons que l’on entend, le vent qui souffle sur notre visage.
3. La méditation de l’amour bienveillant consiste à s’entraîner à devenir conscient de ses propres émotions et de celles de l’autre, et à projeter de la bienveillance vers l’autre, dans le but de développer des qualités altruistes, comme la compassion et l’empathie.
Dans son tout dernier ouvrage, intitulé Méditer avec le Dr Steven Laureys et paru aux éditions Odile Jacob en janvier, le neurologue décrit une multitude d’exercices de méditation qui découlent de ces trois grandes familles.
Sachant que différents réseaux neuronaux sont activés selon le type de méditation qui est pratiqué et donc que chaque type de méditation imprimera une signature neuronale particulière dans le cerveau, chaque personne pourra choisir la technique de méditation qui correspond le mieux à ses besoins et à sa sensibilité.