
Des livres à profusion, des stages qui ne désemplissent pas, des entreprises et des écoles qui lui ouvrent leurs portes : la méditation serait-elle le nouvel antistress universel ? Peut-on tous se l’approprier ?
Le temps où la méditation était considérée en Occident comme une pratique réservée à un petit cercle d’initiés n’est pas si loin. Le tournant s’est produit à la fin des années 1970 aux États-Unis, avec l’émergence de la méditation de pleine conscience (mindfulness), développée par Jon Kabat-Zinn, professeur de médecine.
Pourquoi un tel succès ?
Introduite en France dans les années 2000, la méditation connaît un succès grandissant. Un succès qui, selon le sociologue Frédéric Lenoir, tient en partie à un renversement de paradigme :
« On a longtemps admis que c’était d’abord en changeant la société, par le biais d’idéologies collectives comme la politique ou la religion, que l’individu allait pouvoir s’épanouir. Or, voyant que cela ne fonctionne pas, de plus en plus nombreux sont ceux qui pensent qu’au contraire c’est peut-être en travaillant d’abord sur soi, son épanouissement, son mieux-être personnel, que l’on ira vers un mieux-être collectif. La méditation de pleine conscience est en cela un outil formidable. »
Formidable, car laïc et accessible : « C’est la plus simple et la plus pédagogique de toutes les pratiques méditatives, confirme le psychiatre Christophe André. La seule, aussi, qui soit utilisée dans le champ de la médecine et de la psychologie, et dont les bénéfices aient été confirmés par des études scientifiques.
Malgré tous ces discours enthousiastes, on a aussi, évidemment, le droit de douter. Réponses au cas par cas : si vous pensez que la méditation n’est pas faite pour vous, vos freins sont peut-être des obstacles surmontables.
La méditation est-elle pour vous si vous ne tenez pas en place ?
Contrairement à d’autres écoles méditatives comme le Zen Sôtô ou le Vipassana, celle de la pleine conscience n’exige pas l’immobilité absolue.
« Bien sûr, il ne faut pas gigoter sans arrêt, admet Christophe André. Simplement, à chaque fois que l’on a envie de bouger ou de se gratter, on doit d’abord faire un travail d’observation : est-ce vraiment indispensable que je bouge à cet instant ou que je me gratte ? Si c’est oui, on le fait et on retourne tout de suite à la méditation. »
« Au fil des séances, les personnes s’aperçoivent bien souvent que l’envie de bouger finit par passer d’elle-même, ajoute Nathalie Hannhart, psychologue et instructeur certifiée. D’avoir réussi à rester dans cet inconfort leur montre que, contrairement à ce qu’elles croyaient, elles sont capables de rester immobiles. » Alain Gourhant est toutefois plus nuancé : « Chez les personnes en état de stress qui ont vraiment besoin de bouger, je me demande si un jogging ou une méthode de relaxation dans le mouvement comme le yoga n’est pas plus utile. »
La méditation est-elle pour vous si cela vous énerve ?
C’est une réaction souvent rapportée par ceux qui débutent leur apprentissage. « Et c’est normal quand on n’a pas encore l’habitude de méditer, rassure Nathalie Hannhart. Mais quand on est guidé par un bon instructeur, le corps et la tête finissent petit à petit par se détendre. Et plus on pratique, mieux on arrive à laisser filer son énervement pour retrouver le calme. »
Les personnes très nerveuses, mal à l’aise rien qu’à l’idée de méditer peuvent commencer par suivre le conseil de Frédéric Lenoir :
« Plutôt que de s’imposer une demi-heure que l’on ne fera jamais, on peut déjà introduire deux minutes dans son quotidien, en restant simplement assis, les yeux fermés, à ressentir son corps et à laisser simplement passer ses pensées. Cet exercice peut déjà aider à relâcher le stress. »
La méditation est-elle pour vous si cela vous angoisse ?
Peut-on être un bon “candidat” à la méditation si l’idée même de se retrouver seul avec ses pensées est angoissante ?
« On ne reste pas seul avec ses pensées quand on médite, du moins au début, puisque l’exercice consiste, dès qu’une pensée affleure l’esprit, à revenir dans son corps en s’aidant d’un “objet d’attention” : la respiration, par exemple, explique Nathalie Hannhart. De l’observer dans ses moindres détails stabilise l’attention et permet de ne plus partir dans ses pensées angoissantes. »
Une alternative, pour ceux qui ont du mal à être dans le “non faire” : le coloriage pour adultes, qui aide à être moins dans ses pensées et, ainsi, à diminuer le stress. « Cela dit, pour des personnes vraiment angoissées en méditant, mieux vaut se tourner vers un accompagnement psychothérapeutique », insiste Alain Gourhant.
La méditation est-elle pour vous si rester assis en tailleur est trop difficile ?
« Cette posture demande une certaine souplesse des ligaments, mais après deux ou trois mois de pratique, on finit en général par s’y habituer », dit Alain Gourhant. D’autant plus qu’il y a toujours moyen de s’arranger : on peut méditer assis sur une chaise ou un banc, allongé, ou en marchant lentement.
Précision de Nathalie Hannhart : « Si on médite assis sur une chaise, il faut penser à décoller le dos du dossier, maintenir la colonne droite mais pas rigide pour ne pas se faire mal au dos, et poser les mains à plat sur les cuisses pour ne pas contracter les épaules. Si on est allongé, mieux vaut garder les yeux ouverts pour ne pas s’assoupir. »
La méditation est-elle pour vous si cela vous endort ?
C’est normal, si on est réellement fatigué ! « Normal aussi, au début, d’être emporté par la somnolence induite par l’immobilité, le silence et le centrage sur la respiration », admet Nathalie Hannhart, qui conseille, pour lutter contre ce phénomène d’y être très attentif. «
Dès que l’on en perçoit les premiers signes, que par exemple les sons paraissent plus lointains, que les paupières s’alourdissent, que la tête et le corps basculent vers l’avant, on rétablit sa posture pour retrouver sa vigilance, on se concentre sur l’exercice et, si besoin est, on ouvre les yeux. »
La solution, pour ceux qui n’arrivent pas à lutter contre la somnolence : méditer en marchant très lentement, les yeux ouverts, ou essayer des pratiques plus “informelles”, comme méditer en prenant sa douche.
« L’exercice consiste à être présent à tout ce qui se passe : la température de l’eau sur la peau, le contact du gel douche, l’odeur et la texture de la mousse... et chaque fois que des pensées arrivent, on ramène son attention sur ses sensations. »
La méditation est-elle pour vous si vous n’y arrivez pas ?
Bien que très demandeuses et pleines de bonne volonté, certaines personnes peuvent avoir l’impression de ne pas réussir à méditer. « Peut-être que ce n’était pas le bon moment pour s’y mettre, que les obstacles étaient trop importants », suggère Nathalie Hannhart.
Ou tout simplement par déception : « Parce qu’on attendait des résultats rapides », souligne Alain Gourhant. Plutôt que de s’acharner, mieux vaut alors se tourner vers d’autres outils antistress : relaxation, yoga, sophrologie, activité sportive...
Deux choses à savoir si vous voulez vous mettre à la méditation
Seul, c’est très compliqué : « Si un livre, un CD ou une vidéo peuvent être une première étape de découverte, il est nécessaire, si on est séduit, de passer ensuite
par un véritable apprentissage », estime
le Dr Christophe André.
Les programmes de formation en pleine conscience durent huit semaines, comprenant une journée pleine, une session hebdomadaire de deux ou trois heures et des exercices à faire chez soi d’environ une demi-heure par jour.
Pour trouver un praticien certifié : association-mindfulness.org (environ 450 € le programme).
Il faut être motivé et persévérant pour méditer 30 minutes tous les jours. « Si, au cours de cette période d’apprentissage, on a joué le jeu sans sauter ni session
ni travail personnel, alors on devrait observer les premiers résultats et pouvoir se débrouiller. »
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