
Quête perpétuelle de l'humanité, la recherche du bonheur fait couler beaucoup d'encre. Mais de quel bonheur parle-t-on ? Comment la perception du bonheur a-t-elle évoluée avec le temps ? Jean-Baptiste Baudier, psychologue, praticien de psychologie positive, doctorant à l'université Grenoble Alpes, président et co-fondateur de l'association Social Plus qui vise à promouvoir la psychologie positive, tentera de répondre à ces nombreuses questions.
LE BONHEUR, UNE RECHERCHE QUI NOUS CONCERNE TOUS
Le lien entre bien-être et bonheur est très fort en psychologie. Cette recherche de bonheur concerne tous les Hommes. "C'est une des premières demandes qu'on trouve chez les patients. Comment est-ce que je peux aller mieux ? Comment est-ce que je peux augmenter mon bien-être ? Comment est-ce que je peux redonner du sens à ma vie ?" constate Jean-Baptiste Baudier.
Les librairies regorgent de livres sur la quête du bonheur, de sens, de bien-être personnel. On assiste depuis quelques dizaines d'années à une recherche davantage individuelle du bonheur,
ce qui n'a pas toujours été le cas dans l'Histoire.
LA PERCEPTION DU BONHEUR DE LA PRÉHISTOIRE AU MOYEN-ÂGE...
La définition du bonheur a évolué au fur et à mesure des époques. Les hommes préhistoriques, par exemple, n'avaient pas les mêmes désirs, la même projection du bonheur qu'un adulte au XXième siècle. "Pour notre ancêtre homo-sapiens, la question du bonheur c'est : comment est ce que je vais survivre, comment est ce que je vais permettre à l'espèce de perdurer dans le temps ?" explique le psychologue Jean-Baptiste Baudier.
Au Moyen-Âge, notamment en Europe, "pour
être heureux, il faut suivre les préceptes religieux, et le choix est binaire : soit je suis ces préceptes et je vais vers le paradis, soit je ne les suis pas et je me tourne plutôt
vers l'enfer, le malheur, le désespoir."
DE LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE À AUJOURDHUI
Pendant la révolution industrielle, la quête du bonheur se situe plutôt dans le progrès scientifique et médical. Petit à petit, le bonheur s'individualise et la quête de sens se veut
plus forte. "En
termes de capacités d'actions, en termes de pouvoir d'agir des individus, c'est plus pertinent que chaque individu choisisse ce qui compte pour lui et ce pourquoi est ce qu'il veut avancer dans
la vie, plutôt que de suivre ce qu'on a choisi pour lui" explique Jean-Baptiste Baudier. Un lien s'établit entre bonheur et liberté et qui jusqu'à aujourd'hui se fait de plus en plus
important.
CHANGER SES HABITUDES POUR ÊTRE HEUREUX
Aujourd'hui lorsqu'on parle de bonheur, on peut penser à un bonheur éphémère, matériel qui sur le moment nous rendra heureux. C'est ce qu'on appelle le bonheur hédonique en psychologie. "Le problème de ce bien-être, c'est qu'en fait il est très dépendant des conditions extérieures" rappelle Jean-Baptiste Baudier. Une des difficultés majeures de ce bonheur est qu'on "s'habitue à ressentir des sensations de plaisir, on s'habitue à ce bien-être hédonique" donc on ne le voit plus dans notre quotidien.
Pour éviter cela, il est conseillé de porter davantage notre attention sur tout ce qui fait notre vie et qui la rend belle. Petites ou grandes choses, s'émerveiller et prendre le temps d'observer est un bon moyen de sortir d'un bien-être futile pour espérer atteindre un bonheur plus incarné.