
Que signifie « vivre l’instant présent » ?
- « Avoir les yeux en face des trous », se tenir « droit dans ses bottes », « être bien dans son assiette » ?
- Tout simplement : Etre présent à l’instant présent, ou être là, tout simplement, engagé dans sa vie à l’échelle de chaque micro situation…
Tout particulièrement inspirée des enseignements traditionnels de la non-dualité (tradition du Cachemire et Advaita vedanta, notamment), la notion de présence à l’instant présent est portée par des auteurs célèbres tels qu’Eckart Tollé ou les chantres de la « méditation pleine conscience ».
Comment s’approprier ces notions, a priori plutôt « spirituelles », pour les appliquer à la vie ordinaire, et notamment à l’activité professionnelle ?
Vivre l’instant présent quand tout va bien
C’est facile, quand tout va bien, de vivre l’instant présent. Toutefois, il ne suffit pas, juste de passer le temps, il faut vivre l’instant présent, pleinement. Pour cela, il suffit juste de rester associé à ses sensations corporelles de bien-être, au lieu de s’évader dans les pensées et les projets (ne serait-ce que l’espoir que cela dure le plus longtemps possible, ou le fait de penser avec mélancolie à toutes les fois où vous étiez malheureux…).
Imaginons que vous regardez des nuages dans le ciel, une pleine lune, un coucher de soleil, ou des étoiles par une belle nuit d’été. Combien de temps allez-vous rester là, à admirer ? Certains peuvent s’absorber dans une contemplation plusieurs minutes, une demi-heure, une soirée entière. Pour d’autres, qui apprécient pourtant également, au bout de 3 secondes, ils passent à autre chose.
Rester tranquille, à observer combien la vie est douce et pétillante, combien la situation, quoi que très ordinaire, est incroyablement formidable, comme s’il y avait des étincelles magiques et des étoiles qui scintillaient autour de vous…
Vivre l’instant présent en marchant
Vous pouvez aussi, quand vous êtes dans la rue en train de marcher, placer votre attention dans vos sensations physiques, vos pas, votre posture, votre verticalité, la fluidité, le contact de l’air, votre respiration… Et quand vous vous mettez à penser à où vous allez, ce que vous allez faire, les choses qui vous préoccupent, revenir gentiment à vivre l’instant présent dans vos sensations de tout de suite. Vous observerez alors vos pensées depuis votre corps, sur lequel vos prenez appui pour être dans la situation. C’est facile à faire, mais… on n’y « pense » jamais, et on est le plus souvent happé par le flux ininterrompu de pensées dispersantes, au détriment d’être là, maintenant.
Vous me direz : « mais il faut bien penser à certaines choses, tout de même ! ». Et vous aurez raison. Mais de là à penser tout le temps… De là à vous laisser agiter par n’importe quelle pensée, qui surgit et vous embarque avec elle, un peu comme des spots publicitaires qui vous emmènent chacun dans leur univers. Est-ce bien raisonnable ?… Non ! Mais c’est pourtant ce que nous faisons, à longueur de temps.

Vivre l’instant présent en restant assis
Depuis les débuts de l’humanité, dans toutes les traditions du globe, il y a une pratique naturelle à laquelle les sages s’adonnent, qui permet de vivre l’instant présent, simplement, sans projet. Cette pratique consiste à s’asseoir et à rester tranquille, à observer, à décanter, à laisser infuser. Imaginez-vous un soir près d’un feu de camp, ou assis devant votre cabane, quand le labeur du jour est terminé et qu’il n’y a plus qu’à attendre que le sommeil vous prenne : vous êtes là, assis, à vivre l’instant présent. C’est tout. Cette pratique, vous pouvez l’honorer, encore aujourd’hui. Pas besoin de s’inscrire à des stages de méditation, de pleine conscience, ou de yoga (qui sont sans doute très bien), il suffit : de s’assoir ! Et d’attendre un peu… Asseyez-vous d’abord sur un siège, puis au bout de quelques instants, asseyez-vous dans votre corps (en quelque sorte), prenez conscience de vos points d’appui, écoutez le rythme de votre souffle. Entendez les les sons à l’extérieur, sans les écouter, sans les rejeter, accueillez juste ce qui se présente. Et quand un son disparaît, observez que l’espace de silence est revenu, dans lequel le son était apparu. Restez là, à entendre et voir, à sentir des pensées, à éprouver les sensations de votre corps, sans chercher à faire un quelconque exercice, sans chercher un quelconque résultat, sans chercher à vous faire du bien ou même à pratiquer quelque chose. Juste être là par plaisir d’explorer ce qui se présente, maintenant…
Vivre l’instant présent au travail
Les trois exemples précédents évoquent des situations banales, mais quand même assez rares, parce que vous n’en prenez pas le temps. Voyons donc maintenant, comment vivre l’instant présent au travail, dans des situations professionnelles :
- Quand vous êtes en retard sur un projet ou à un rendez-vous et commencez à stresser : rappelez-vous simplement que le résultat de vos actions ne dépend pas de vous. Votre seule responsabilité directe est de faire de votre mieux, maintenant et à chaque instant. Pas la peine de penser à tout ce que vous n’avez pas eu le temps de faire, à tout le retard que vous accumulez, à toutes les contraintes auxquelles vous allez devoir faire face.Vous voyez bien que ce sont des pensées, juste des pensées. Qui dit que vous êtes en retard, qui dit qu’il faut faire tout ça, tout de suite ? Qui dit que tout cela est très grave et qu’il faut avoir mal au ventre et s’arrêter de respirer à cause de ces pensées ? Personne en fait… ou plutôt si : vous, une partie de vous dit cela. Mais vous n’êtes pas obligé d’y croire !
- Quand vous êtes en réunion, et que le temps vous semble interminablement long, au lieu de vous ennuyer, prenez la parole, participez, prenez les choses en mains, investissez-vous. Ou alors : appréciez. Appréciez d’être assis, bien au chaud, avec vos collègues, d’avoir un travail, de vivre toute cette aventure étrange du boulot, avec des choses à faire, des sous à gagner, puis des sous à dépenser…. Et tout ça pour quoi ? Mais ne rêvassez pas, ne plongez pas avec les pensées, restez juste là, a observer, à apprécier, y compris le côté éventuellement parfaitement artificiel de toute cette agitation du monde qui s’emballe. Ne portez pas de jugement : ce n’est pas absurde ou rigolo ou super sympa, au quoi que ce soit d’autre. C’est juste comme cela, et vous n’y pouvez rien, et il n’y a rien à en penser. Restez à vivre l’instant présent, dans votre journée de travail. Vous verrez, vous serez plus concentré, plus efficace, plus « performant »… et moins fatigué le soir, plus disponible, plus vital !
Vivre l’instant présent quand tout va mal
On croit que c’est plus difficile, mais au contraire : quand ça va mal, quand vous souffrez par exemple, il n’y a pas d’échappatoire, vous êtes forcé de prêter attention à vos sensations douloureuses, à vos peines de cœur, à vos humiliations, etc… Alors, ne prenez pas tout de suite des médicaments pour endormir la douleur, ne vous lancez pas immédiatement dans un passe-temps pour enfouir vos émotions, laissez leur une chance de vous enseigner à vivre l’instant présent. Laissez-vous inviter à cette profondeur dans laquelle vous appelle la situation. C’est la vie qui frappe à votre porte !
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